Confinement : conseils des pédopsychiatres pour l’équilibre des enfants
Comment trouver les mots et les comportements adaptés alors que nous-mêmes sommes loin d’avoir toutes les réponses face à la situation sanitaire inédite actuelle ? Nos enfants sont évidemment impactés par le bouleversement de leur quotidien et par le contexte d’incertitude ambiant. Les professionnels prodiguent des conseils de bon sens pour écouter, rassurer et même saisir l’opportunité de recréer du lien et du positif.
Prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin de ses enfants
Ce conseil peut sembler surprenant à première vue : les parents ne doivent surtout pas s’oublier pas en cette période ! En effet, quel que soit l’âge des enfants, ceux-ci ressentent l’anxiété des adultes. La thérapeute Elisabeth Spertino explique : « en lien rapproché et exclusif avec leurs parents, les enfants absorbent leurs émotions et leurs appréhensions de grandes personnes. Il est donc capital pour le couple parental, ou l’un ou l’autre des parents, de travailler sur son propre stress et de ne pas le transmettre ».
Plusieurs actions peuvent aider à surmonter le stress : s’organiser ensemble pour mieux répartir les tâches collectives, se préserver des chaînes d’info en continu, garder des moments pour soi et surtout arrêter de vouloir être parfait ! Ensuite, à chacun de trouver ce qui peut l’aider à traverser cette période : relaxation, sport, méditation, activité artistique… Il est primordial de préserver un espace personnel où se sentir plus serein, dans l’instant présent.
C’est ainsi, en montrant l’exemple, que les parents auront les ressources pour rassurer les enfants et les aider à trouver leurs propres solutions afin de mieux exprimer et gérer leurs émotions.
Se faire confiance et être à l’écoute
De nombreux spécialistes incitent les parents inquiets que nous sommes à nous faire confiance, sans vouloir à tout prix saturer d’activités les journées de nos enfants. Dire non à la culpabilisation et au perfectionnisme tout en restant à l’écoute des enfants et des éventuels signaux d’alerte1.
La professeure Marie Rose Moro, psychiatre et directrice de la maison des adolescents de Solenn2, conseille aux familles confinées de « ne pas trop changer les habitudes. Les enfants doivent retrouver du familier, de la continuité et un peu de légèreté malgré la situation ». Ce n’est donc pas le moment de durcir les règles de vie ! En semaine, il est bon de définir ensemble un planning comportant des temps scolaires et des temps sans écran, mais il faut également laisser respirer les enfants et surtout les adolescents car ceux-ci ont réellement besoin de distance et d’autonomie par rapport aux parents.
« Cette période est aussi l’occasion de réaménager la distance au sein de la famille, en profitant pleinement de moments ensemble, à condition d’accepter de laisser de la liberté aux enfants à d’autres moments » conclue Marie Rose Moro.
Valoriser le sens du collectif et l’action
Comme les adultes, les enfants ont besoin de se sentir aussi actifs que possible face à cette situation exceptionnelle. Rappeler les raisons du confinement, leur apprendre les gestes barrières, leur expliquer les symptômes s’ils sont demandeurs, mais aussi les inciter à appeler plus souvent leurs grands-parents ou les personnes isolées de leur entourage : autant de gestes concrets qui permettent de les responsabiliser, en tenant compte de leur âge bien entendu.
« Le sens de ce confinement, c’est que les enfants sont un facteur de protection de leurs parents, de leurs grands-parents. Ils deviennent acteurs et c’est très important » analyse le psychiatre Serge Hefez3.
Il est également très bénéfique de souligner l’aspect collectif de cette crise touchant tous les pays, une occasion de se souvenir que nous sommes citoyens du monde. Tous les chercheurs s’unissent pour trouver des médicaments et un vaccin, tous les soignants se mobilisent pour guérir les malades et vaincre le virus…
Et bien que personne ne puisse prédire ce que sera demain, les enfants ont besoin d’entendre que la situation va finir par s’améliorer, comme c’est déjà le cas en Chine. Ils peuvent alors davantage se projeter vers l’avenir, voire même chercher des idées ou mettre en place des choses pour bâtir un monde différent. A nous de les encourager dans cette voie !
SOURCES
https://www.youtube.com/watch?v=PzkdBjtAQWA&feature=youtu.be
https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-19-mars-2020